D.S : Pourquoi cultiver de la Fraise ? D’où vous vient cette passion pour la culture et de l’agriculture d’une manière générale ?
Nous cultivons la fraise parce que nous voulons simplement montrer aux gens que c’est possible de proposer d’autres cultures. Au Sénégal, on est habitué à cultiver les mêmes choses : le Gombo, la patate, l’oignon, l’arachide…
A un moment on s’est dit qu’il serait intéressant de diversifier et de démystifier certaines cultures comme la fraise, la pomme ou la framboise. Nous avons débuté avec la fraise et on s’est rendu compte que ça donné des résultats et là on s’est dit que c’était le bon. Il faut rappeler que nous l’avons expérimenté entre 7 et 8 ans, pour pouvoir maîtriser la culture avant d’en faire un business. L’objectif principal est de montrer aux Africains qu’il ne sert à rien de se figer sur les idées reçues. Et, il faut que nous soyons conscients qu’il est possible de cultiver toutes les cultures possibles et de les domestiquer avec un peu d’ingéniosité. Pour ce qui concerne ma passion c’est quelques choses d’inné parce que mon grand-père cultivent plus des 200 000 hectares lors de la deuxième guerre mondiale. Après chaque récolte, il les partageait avec les troupes françaises composées essentiellement de tirailleurs sénégalais. Après la guerre, il a reçu plusieurs médailles des mains du Général Charles De Gaulle. Lorsqu’on m’a raconté cette histoire, je me suis dit que c’était la voie à suivre. Je n’arrivais pas digérer en une seule génération, personne n’a connu l’histoire de mon grand-père alors qu’il a fait de grande chose pour ce pays. Je me suis révolté en laissant mes études en droit et je me suis lancé dans l’agriculture pour faire en sorte que les gens connaissent l’histoire de mon grand-père à travers mon nom. Je me suis dit s’il a réussi à contribuer à la guerre à travers l’agriculture. Moi aussi, je pourrai le faire en apportant ma touche personnelle.
Comment Fraisen vit la pandémie de la Covid-19 ?
Nous avions eu un problème au début durant le mois de mars. Parce que au début de la pandémie les clients étaient réticents mais à partir du mois d’Avril, nous avions développé des stratégies de marketing qui nous ont permis de booster notre commande voire même le double. Du coup, on a juste senti la pandémie au début mais un mois après c’était vraiment le changement parce qu’on avait doublé nos commandes. On a même réussi à développer des produits dérivés et c’est grâce à la pandémie. A un moment, on avait senti la nécessité de transformer nos produits pour ne pas les vendre cela nous a permis de nous lancer directement dans la transformation. On peut dire la pandémie était un moment bénéfique pour FRAISEN afin de mieux se situer sur le marché.
Qu’est-ce que le digital vous a apporté ?
Le digital nous a apporté tellement de choses, il faut le dire parce que aujourd’hui si nous vendons beaucoup c’est grâce au digital. Nous sommes vraiment présents sur le net et les réseaux sociaux. Et mieux, actuellement, il est impossible de faire des recherches sur le Fraisen pour autant ne pas tomber sur nous. Si tu fais des recherches sur la Fraise en Afrique vous tombez sur nous. Cela démontre à quel point le digital joue un rôle important parce que c’est grâce outil que le monde nous connait.
Depuis votre sacre à la première édition des Startups Awards, comment se porte votre startup ?
Depuis notre sacre à la première édition des Startups Awards, les choses ont évolué de mon côté. Le projet évolue de jour en jour. Cette consécration a été un moment important pour nous, parce que être élue Startup de l’année ça montre à quel point nous avons travaillé. Cela nous a permis de grandir encore. C’était un moment déclencheur pour nous et pour toute l’équipe.
Selon vous quelle est la particularité de vos Fraises par rapport aux autres ?
La particularité de nos fraises c’est nous avons des fraises sucrées comparés aux autres qui ne sont pas d’habitudes sucrées surtout les fraises importées. Sans j’oublie qu’ils ont un goût extraordinaire. On l’habitude de dire que tout amateur de fraises qui goûte la nôtre devient notre esclave. Nous misons sur la qualité et donnons un packaging vraiment intéressant à nos produits. L’idée de faire en sorte que le client tombe sous le charme de notre produit dès le premier coup d’œil. C’est vraiment important pour nous de d’attirer l’attention des clients et de se démarquer des autres, mais aussi sur la qualité pour fidéliser notre clientèle. Au-delà de cet aspect marketing, nous valorisons le travail des producteurs locaux parce que acheter un produit Fraisen c’est acheté un produit purement « made in Sénégal ». Nous misons vraiment sur la qualité de haute gamme pour rivaliser avec les Fraises importées.
Vous cultivez vos fraises sous serre ou en plein air ?
En fait, nous cultivons en plein air, nous n’avons pas encore misé sur la culture sous serre pour la simple raison que ça coûte cher. Parce que l’idée est d’aller en échelle et pour aller en échelle avec la culture sous serre, il faut beaucoup d’argent et pour le moment nous n’avons pas cette somme. Mais l’autre chose est que nous voulons pousser tous les producteurs à produire de la fraise en tout cas ceux qui sont membres du réseau
En dehors du Sénégal, est ce qu’il y a des pays où vous livrez vos produits ? Si oui, quels sont ces pays ?
Nous exportons nos produits un peu partout en Afrique : Bénin, Cameroun, Tchad, Mali, Guinée Conakry… Il faut noter que nous sommes plus présents en Afrique de l’Ouest parce que nous visons plus le marché sénégalais et sous régional.
Est-ce qu’on peut avoir de manière quantitative le pourcentage de votre récolte que vous écoulez au Sénégal ?
Je peux dire que nous écoulons 80% de nos récoltes au Sénégal et les 20% restantes sont exportées.
Comment vous faites pour vendre vos produits est ce que vous travaillez avec des supermarchés, hôtels, restaurants ou vous vous limitez aux particuliers ?
Pour vendre nos produits, nous sommes en partenariat avec différentes structures. Fraisen est présent dans tous les supermarchés du Sénégal. Nous sommes aussi présents dans certains grand hôtel et restaurants de la place. Nous écoulons nos produits aussi auprès des particuliers. Ces derniers représentent une grande partie de notre clientèle parce que depuis, nous travaillons avec eux même si les grandes surfaces sont venues nous rejoindre, les particuliers restent notre principale cible.
Est-ce que vous avez une clientèle spécifique ou vos clients sont des messieurs et mesdames tout le monde ?
Nous n’avons pas de clients spécifiques toute personne qui aime la fraise devient notre client. On est là pour vendre à toutes les personnes qui aime la Fraise sans exception.
Comment vous voyez l’agriculture sénégalaise d’une manière générale ?
Je pense que l’agriculture sénégalaise a besoin d’être améliorée. Il y’a beaucoup de choses à faire. On détient une grande partie cultivable non exploitée et le problème est un manque de détermination et d’engagement des jeunes. Il suffit juste que 20 ou 30% de jeunes décide de s’engager dans l’agriculture pour que les choses changent. On a surtout besoin de jeunes qui innove et qui ne cherche pas à imiter ce qui se fait, ils doivent être des révolutionnaires. On a aussi besoin de l’Etat pour qu’il puisse accompagner ses jeunes dans leurs activités et initiatives, inciter tous les ingénieurs qui sont dans les écoles à sortir pour entreprendre. Je pense qu’il est plus pertinent d’avoir un ingénieur qui entreprend que d’un ingénieur salarié. Parce que l’ingénieur qui entreprend, utilisera tout son savoir-faire pour proposer quelques choses d’innovant. Alors qu’un ingénieur qui est un salarié n’est rien d’autre que quelqu’un effectue des tâches chaque jour. Pour éviter tout cela, je pense qu’il faudrait intégrer l’esprit entrepreneurial auprès des jeunes apprenants.
Parlons d’actualité, vous avez été récemment nominé aux Africa business Heroes. Qu’est-ce que cela vous fait ?
Nous étions nominés parmi les 50 finalistes du Africa Heroes, ce qui est un honneur pour nous. Cela montre que nous avons effectué un travail extraordinaire l’année passée, être la meilleure startup de l’année prouve que notre projet est pertinent au niveau national mais aussi international. A notre niveau, nous sommes appelés à continuer le travail pour apporter beaucoup plus à l’agriculture sénégalaise et africaine. Le but s’est de montrer aux jeunes qu’il est possible de réaliser des choses extraordinaires si on décide de s’y mettre et d’utiliser le peu d’expertise, de connaissance et de ressource que l’on dispose.
Depuis un certain temps vous empilez les nominations et les trophées, c’est quoi votre secret ?
Le secret (Ndlr : Rire). Il n’y a pas de secret pour empiler les nominations et les trophées, si ce n’est le travail et prouver ce qu’on est capable de faire et le reste viendra tout seul. Comme j’ai l’habitude de le dire c’est très dangereux de courir derrière les prix. La plupart des startups court derrière les prix pour se faire connaître et c’est très dangereux parce que ça change vos objectifs, vous n’êtes plus concentrés ce qui n’est pas du tout intéressant. Le plus important est de se concentrer sur son business d’essayer de faire des réalisations et si on fait des réalisations de façon concret tout le monde le verra et vous serez facilement nominés et les trophées suivront de manière naturelle parce que vous avez travaillé. Je pense que c’est plus intéressant de rester dans son coin et de travailler de parfaire son projet et de le laisser vous nominer de par ses résultats et réalisations.
Quelle est la prochaine étape pour Fraisen ?
La prochaine étape pour Fraisen est d’essayer de se positionner au niveau africain et mondial d’une manière générale. Déjà le Sénégal figure sur la liste des producteurs de Fraise grâce à Fraisen. Cela prouve que nous avons fait un grand pas et nous avons innové dans cette filière. Maintenant nous voulons dominer le marché sénégalais et ouest africain. Mais surtout de pousser tous les Africains à travailler ensemble avec vous c’est ça notre objectif.